Il était une fois…les business trips

Certaines personnes passent leur journée au bureau devant leur ordi à faire des tableaux excel. Pendant ce temps là d’autres parcourent le monde à la découverte de nouveaux territoires. La plupart du temps c’est le kiffe. Et d’autres fois, ça ressemble à ça :

Arrivée à Roissy CDG : il est 7h du matin, vous avez le teint frais, l’oeil vif et l’envie de déplacer des montagnes. Just kidding. La réalité c’est que vous avez dormi 5h, vous êtes d’une humeur de chameau, vous avez encore la trace de l’oreiller sur la joue gauche et qu’une seule envie : retourner sous votre couette.

A défaut de montagne vous vous trainez votre valise dans laquelle vous avez fourré à la va vite la veille la moitié de votre garde robe pour cause de trop grande complexité d’agenda : soirée de gala avec journalistes et people le premier soir, tournée terrain avec visite de points de vente par froid polaire et sous la neige le lendemain matin – en alternance avec des transports en voiture surchauffée-, des réunions business dans les bureaux l’apres-midi avec toute la filiale pour travailler leur stratégie marketing des trois prochaines années.

Alors ça donne à peu près ça : des louboutins, des moon boots, des escarpins noirs à talons, de la fourrure, de la petite robe noire chic et sexy à dos nu, des damart, des collants, une chapka, de la crème hydratante pour les mains, du vernis à ongles, du labelo, du rouge à lèvres rouge, un appareil photo, un notebook…et votre dico francais-russe…ah oui parce qu’on a oublié de préciser mais l’avion dans lequel vous etes prête à embarquer vous emmène à……..Moscou…

Sur l’immense tableau dans le terminal des départs vous voyez des destinations au gout de paradis à coté de la votre : Sao Paulo, Miami, NYC….et Moscou. Vous pleurez intérieurement.

Quand faut y aller…

Vous vous installez dans l’avion. Vous avez hate de découvrir qui sera votre compagnon de voyage. Parfois on a des bonnes surprises. Et parfois non.

Il s’avère que votre voisin est brésilien, parlant portugais bien sur, mais aussi français, anglais et russe. Intéressant!

Mais apparemment c’est aussi la star des compagnies aériennes et il semble connaitre absolument tous les passagers de l’avion puisqu’une ovation l’accueille à son entrée dans l’appareil. Des cris de joie, des embrassades, et même quelques applaudissements! Il avance dans l’allée avec un petit mot gentil pour chacun. Je souris. Avant de réaliser que la place à coté de moi devient alors « THE place to be » de l’avion, le lieu d’échanges et de discussions enflammées sur tous les thèmes possibles et inimaginables. Chaque passager viendra donc s’y installer à tour de role pour avoir la chance de discuter avec notre Ronaldo des airs. Et j’aurai moi aussi droit à un petit mot a chaque fois, suivi d’un petit clin d’oeil complice croyant que je voyage en binôme avec mon voisin. Je préciserai que non, que je ne le connais pas (shame on me!) suivi d’un petit sourire gené.

Il est 9h du matin, vous avez envie d’un petit dej et surtout d’un GRAND café. Mais en heure locale russe il est déjà midi, c’est donc un lunch qu’on vous servira sur votre plateau repas, à base de hareng froid et salade russe (évidemment). Glup. Vous avalez tout ça et regrettez déjà vos Chocapic… Déjà dans l’ambiance!

Vos voisins sont tellement contents de se retrouver qu’ils commencent à chanter (soupir) et à taper des mains, ils tentent meme de vous entrainer dans leur immense bonheur. Vous essayez tant bien que mal de vous concentrer et de préparer vos réunions mais votre voisin de devant a tellement abaissé son siege que votre tablette vous rentre dans les genoux et que l’écran de votre ordinateur est a l’horizontal.

3h40 de vol en fait c’est long.

L’avion finit par atterrir à Moscou. Dehors il y a tellement de brouillard que vous n’aviez même pas réalisé que l’avion se rapprochait de la terre ferme. Le commandant de bord vous souhaite la bienvenue en Russie, ainsi qu’une température à -7 degrés. Et bonne chance bon séjour à Moscou.

Le temps de récupérer votre valise, de passer l’immigration, de refuser gentiment de donner vos coordonnées à votre voisin et de lui dire adieu en portugais à lui ainsi qu’à tous ses amis, vous débarquez dans le terminal des arrivées ou un chauffeur est censé vous attendre.

Mais subitement trois ou quatre hommes aux allures de mafioso vous sautent dessus. A leur facon de vous regarder et de vous chuchoter des choses dans l’oreille on pourrait croire qu’ils vous proposent de rentrer dans un business un peu louche.

Ce ne sont que des chauffeurs de taxi. Mais bizarrement vous n’avez pas confiance. Désolé mais c’est NIET. On m’attend moi mOnsieur, j’ai mon propre chauffeur!

Mais votre chauffeur n’est pas là. Il vous a planté.

La mort dans l’ame vous vous résignez à faire appel à ces taxi drivers tout droits sortis d’un film des frères Cohen.

Quand soudain, BIP un texto! Qui dit que votre chauffeur vous attend. C’est magique! MAIS OU EST-IL???

5 minutes plus tard un nouveau texto vous annonce que votre chauffeur vous attend dehors dans une voiture immatriculée K491AM197. Hihi c’est moderne! Vous vous en voulez presque d’avoir douté de lui. Vous sortez donc du terminal à sa recherche. Et là vous vous retrouvez en pleine tempête de neige, toujours à trainer votre valise, et à scruter minutieusement les plaques d’immatriculation des quelques centaines de voitures stationnées sur le parking de l’aéroport. K491PI197, K791AP187, K491AM199…aaarrrgh!!! Les autres chauffeurs de taxi vous suivent toujours à la trace. Ca commence à devenir lourd.

BIP un nouveau texto! « si vous ne trouvez pas votre chauffeur appelez le au  +79104303268 – mais il ne parle que russe » MAIS QUI ME PARLE??? Au bord de la crise de nerf vous imaginez votre chauffeur à la gossip girl planqué bien au chaud dans sa voiture, en train de vous envoyer des textos, en vous voyant galerer de loin pour trouver sa fichue plaque d’immatriculation. Un bizutage russe en quelque sorte. Gniak gniak gniak.

BIP BIP un 4ème texto! Vous n’en pouvez plus. Vos lunettes sont recouvertes de givre, vous ne voyez plus rien, vous etes frigorifiée, les roues de votre valise s’enfoncent dans la neige. Meme les quatre chauffeurs de taxi ont abandonné, n’arrivant plus à vous suivre.

« Votre chauffeur vous attend au terminal des arrivées à l’interieur de l’aéroport » Aaaaaarrrgh.

Vous rebroussez chemin et vous dirigez à nouveau vers l’aéroport. Sauf qu’une sorte de videur vous en interdit l’acces et vous fait signe de faire le tour du batiment pour pouvoir rentrer à nouveau. Apparemment cette porte la n’est réservée que pour les SORTIES et n’est pas accessible pour les gens qui veulent y ENTRER à nouveau (en même temps quelle idée) Vous bouillonnez intérieurement. Vous imaginez votre chauffeur-gossip-girl repartir bredouille en pensant que vous vivez votre vie sans lui.

Vous finissez par le retrouver. ENFIN! Vous êtes à deux doigts de le prendre dans vos bras. Il lève un sourcil d’étonnement en vous voyant débarquer version Mister Freeze. Oh ça va hein.

Vous montez dans son taxi -la plaque d’immatriculation est bien la bonne. Quelle galere jusque là! Vous etes déjà épuisée avant même d’avoir commencé.

Moscow here I come! Dans quelques minutes vous serez enfin à l’hotel…♥

To be continued…

Conf call

Alerte dans votre agenda : vous avez une conf call!! La conf call est un peu aux réunions ce que le wasabi est aux sushis, elle en relève le goût, mais si vous en abusez l’effet sera immédiat : joues rouges, irritation, palais en feu et crâne sur le point d’exploser.

Petit tour d’horizon :

– la conf call du touriste : c’est le genre de mec qui a vu de la lumière en passant et qui a décidé de venir saluer tout le monde. Il n’a pas grand chose à faire là, ne maitrise d’ailleurs pas du tout son sujet, alors essaie de meubler la conversation comme il peut.

Sa phrase fétiche : « Et sinon chez vous il fait quel temps?? » Sa femme, ses enfants, son we en Normandie, ses parcours de golf…vous saurez tout sur sa vie.

– la conf call du has been : celui qui est complètement dépassé par les événements. Du genre à être resté à l’époque des fax et du minitel. Il ne maitrise pas encore l’option out speaker, pense d’ailleurs qu’il s’agit d’une tendance vaguement masochiste. Il attrape le combiné comme un talkie walkie et ne parvient pas à parler et écouter en même temps.

Sa phrase fétiche « C’est fou comme on vous entend bien! On pourrait croire que vous êtes dans la pièce d’à côté ahaha! (Attends je t’envoie mon pigeon voyageur!!!)

– la conf call du boulet : le vendredi à 19h (ou le lundi à 8h)

– la conf call du débutant : « Euh faut faire quel indicatif déjà pour appeler l’Afrique du Sud?? » qui suffira à vous griller à tout jamais auprès de votre boss.

– la conf call du mega stressé : celui qui a dormi là pour tester le son, le style à imposer à l’équipe technique de rester à côté « au cas où ». Qui fera « un-deux, un-deux » pour tester l’équipement avant de prendre la parole. C’est le même qui demande si tout le monde est là avant de commencer, au cas où quelqu’un répondrait « non non non moi je ne suis pas là!! » hehe.

– la conf call des flemmards : de 11h à 11h30 (et encore on compte large). Pas trop tôt quand même mais pas trop tard non plus, après faut aller déjeuner!

– la conf call du flambeur : celui qui arrive à la bourre pour bien marquer son entrée et qui ajoutera « Sorry j’arrive tout juste de LA ». Il ne parle que franglais et ponctue son jargon par un tas d’abréviations incompréhensibles, qui réussit à caser « comme je le disais hier à Singapour », qui fera moult interruptions à base de « excusez-moi j’ai un triple appel en provenance de Tokyo, je vous reprends de suite ». Le genre à parler déjà du plan marketing 2016 et qui vous demande l’équivalent de ce budget en yen.

– la conf call foireuse : à l’autre bout du téléphone, le PDG de la boite. Il prend la parole, silence de mort, il déclare « S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir ce serait jjokflkfojgkjgglbkg (interférences). Je ne le répéterai jamais assez, il faut ab-so-lu-ment gfbfjdfogjrgnfjplslplayhjeffj (encore des interférences!) et surtout je compte sur vous pour udhdhbhgdydbffikisj ET jsjdsdfjkhsnjffk » (et MER-DE!!)

– la conf call « advanced level«  : à l’autre bout votre homologue russe. Jusque-là rien d’anormal.

– Sur son portable.

– Dans sa voiture.

– En pleine tempête de neige.

– Son anglais embelli par son charmant léger fort accent moscovite est entrecoupé par des insultes russes à cause du traffic (en tous cas il a l’air très TRES énervé -c’est idiot mais quelque-part vous êtes rassurée de vous trouver à 3000 km)

– Et son itinéraire est marqué par une longue suite de tunnels.

Vous ressortez de cette conf call là comme si vous aviez couru 300 bornes, en plein cagnard, et en talons aiguilles ♥